Fiction 1 : V for Valentine

Fiction 1 : V FOR VALENTINE

Auteur :  lili59

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Hello Upper East Siders ! Ici Gossip Girl qui remercie tous ses admirateurs pour leurs gentilles cartes de Saint-Valentin et autres traditionnels chocolats en forme de cœur… Mais soyons clairs : cela ne m’empêchera pas de vous avoir dans le collimateur, bande de faux-jetons !

A commencer par Blair Waldorf… L’amour d’enfance de Nate Archibald vient de faire retomber le puissant héritier dans ses filets lors du bal des débutantes, après une courte période de séparation où son emploi du temps reste un mystère pour moi… Et ça m’agace ! Et si on la suivait aujourd’hui pour en découvrir un peu plus ?

Vous savez ce qui est bien avec le scandale ? Contrairement au chocolat, on peut s’en délecter autant qu’on veut sans prendre un gramme !

Vous m’aimez n’est-ce pas ?

XoXo

Gossip Girl

*

Un petit sourire blasé aux lèvres, Blair tendit la main vers Dorota pour s’emparer du paquet enrubanné qui avait été livré un instant plus tôt accompagné d’un énorme bouquet de lys … ses fleurs préférées. La domestique ne put s’empêcher de taquiner la brunette en reprenant le colis, ce qui provoqua un froncement de sourcils furieux chez sa maîtresse. C’est en gloussant que Dorota consentit finalement à lui donner le paquet.

- Je me demande ce que Nate m’a offert cette année pour la Saint-Valentin ! plastronna Blair, encore en nuisette, en se calant confortablement contre ses oreillers.

Quoiqu’elle aimât jouer les indifférentes, Miss Blair adorait le 14 février presque autant que son anniversaire puisque, dans les deux cas, Mr Nate la gâtait un peu plus chaque année … si c’était possible !

Ouvrant le paquet, Blair sortit précautionneusement un objet volumineux et assez lourd.

- Un album photos ! s’écria-t-elle, une pointe de déception filtrant derrière son étonnement.

Remarquant la carte accrochée à l’aide d’un trombone à la couverture, elle la lut aussitôt.

Si le prince doit affronter les sorciers, les monstres et les forêts enchantées pour retrouver sa dulcinée, seras-tu prête pour ta part à te perdre dans un labyrinthe pour ton bien-aimé ? Au terme de trois épreuves, c’est l’amour que tu trouveras peut-être ce soir. Le premier indice se cache quelque part, comme la vérité se cache derrière les faux sourires… A ce soir ! V

- Une chasse au trésor ! murmura Blair, ravie. Quelle merveilleuse idée, n’est-ce pas Dorota ?

Et, sans attendre la réponse, elle s’empressa d’ouvrir l’album à la recherche de l’indice qui la mènerait à l’étape suivante. Le cahier n’était pas du tout ce qu’elle avait d’abord escompté : c’était l’album qui avait dû réellement appartenir à Nate pendant des années : les pages cornées et les feuilles légèrement jaunies l’attestaient. Les premiers clichés dataient de dix ans plus tôt et, tous, représentaient leur petite bande d’amis.

Elle se souvenait de certaines de ces photos : Nate, cinq ans, pleurant dans un bac à sable à Central Park après que sa nourrice lui a ôté des mains un objet suspect ; elle et Chuck, six ans, essayant de se noyer mutuellement lors d’un cours de natation ; Serena, sept ans, déguisée en sorcière avec verrue sur le nez pour Halloween ; Chuck et Nate, sept ans, posant soi-disant « pour de rire » avec le Père Noël au Herald Square ; elle, huit ans, à dos de poney ; Serena et elle, huit ans, organisant un défilé de mode ; Chuck, dix ans, le visage verdâtre après avoir tiré pour la première fois sur une cigarette ; toute la petite bande, douze ans, à l’arrière du car les emmenant pour la première fois à Aspen ; Nate et elle, quatorze ans, amoureux…

Et, partout, des clichés d’elle souriant. A six ans, douze ans, seize ans… Partout une Blair rayonnante. Des photos choisies avec soin, avec amour même. C’en était presque gênant.

- Mais, Miss Blair…

La jeune fille releva la tête, presque étonnée par la présence de Dorota.

- Vous ne trouvez pas que cette histoire de chasse au trésor ne ressemble pas à Mr Nate ? Avez-vous imaginé que ce pourrait être l’œuvre… Enfin… Avez-vous pensé que Mr Chuck pourrait se cacher derrière ce mystérieux V ?

Blair referma l’album photos d’un coup sec.

- Ridicule ! Ri-di-cule Dorota ! Jamais Chuck ne pourrait avoir une idée aussi romantique ! Si tu le connaissais comme moi je le connais, tu saurais que le seul organe dont Chuck connaisse l’existence se situe au-dessous de la ceinture. Il n’a pas encore trouvé le mode d’emploi qui lui permettrait d’utiliser son cerveau, et encore moins son cœur !

Furieuse, l’adolescente ouvrit l’album avec assurance et, mue par une intuition, se rendit à une des pages qui la représentait souriante. Sauf que cette photo n’avait pas été prise à n’importe quel moment : elle la représentait deux ans plus tôt, quelques jours seulement avant son entrée dans une clinique privée pour ses problèmes de boulimie.

- « Faux sourires » hein ?

Elle arracha d’un geste sec la photo et découvrit, sans surprise, l’indice suivant inscrit au dos. Elle releva la tête, triomphante.

- Tu vois ? Seuls Nate et Serena savent où je suis réellement allée cet été-là… Ca ne peut donc en aucun cas être Chuck !

Et, se levant avec majesté, elle ouvrit son placard. Elle devait se préparer : Nate l’attendait !

*

L’indice consistait en une adresse, qui s’était révélée être celle d’un spa ultra chic installé au sous-sol d’un palace de Manhattan. Elle y était visiblement attendue et la jeune femme indienne qui l’avait accueillie l’avait guidée sans l’ombre d’une hésitation dans le complexe.

Après avoir profité du hammam et bu un thé blanc à l’abricot dans le jacuzzi, Blair attendait désormais son massage, la tête confortablement posé dans l’œillet de la table. Elle poussa un soupir d’aise lorsqu’elle sentit deux mains chaudes se poser en silence contre ses épaules.

Suite à la supposition idiote de Dorota, elle avait senti tout son corps se tendre tel un ressort. Pourtant, il n’y avait pas de danger que cette théorie s’avère vraie ! Que les choses soient bien claires : tout était terminé entre elle et Chuck depuis le bal des débutantes ! Et puis, ce n’était pas comme si Chuck la regrettait : depuis une semaine, c’était le silence radio le plus total !

Hum… Ce masseur était diablement doué... C’est presque contre son gré que Blair sentit son dos se détendre au rythme du pétrissage profond des grandes mains, fortes et masculines.

Mais quand même ! Chuck ! Non, vraiment, c’était impossible… Sans compter que cette quête était forcément un clin d’œil de Nate à la chasse au trésor qu’elle avait elle-même organisée lors du bal masqué pour lui offrir sa virginité. Soirée qui, au passage, n’était pas son plus beau souvenir…

Elle sentit le drap descendre le long de son dos, et l’étoffe soyeuse retomba sur ses reins. Le massage se fit alors moins profond, plus délicat… C’est du bout des doigts que les mains explorèrent le dos féminin, descendant doucement le long de la colonne vertébrale, remontant par les flancs … ce qui arracha des frissons de plaisir à la jeune femme.

Incapable de penser davantage, Blair sentit un souffle chaud se poser au creux de ses reins et remonter peu à peu le long de son dos. Parfois la bouche était si près qu’elle sentait les lèvres du masseur effleurer sa peau nue. Elle ne put retenir un petit cri lorsque le souffle atteignit sa nuque, et elle se pinça les lèvres pour se contenir, serrant le drap sous elle dans son poing.

- A ce soir ma douce… Pour me retrouver, suis le cygne blanc…

Blair ouvrit les yeux, sonnée. Elle releva aussitôt la tête de l’œillet et s’assit sur la table.

Trop tard : son mystérieux masseur avait disparu… Seule lui faisait face une magnifique robe de soirée.

*

Comment Nate avait-il réussi à se procurer à la dernière minute des billets au premier balcon pour l’ultime représentation à New York du Lac des Cygnes par les Ballets Russes ? Même pour un Archibald cela relevait de l’exploit, Blair n’en revenait pas…

Le dernier indice lui avait donné plus de fil à retordre, jusqu’à ce qu’elle apprenne que son ballet préféré était joué le soir-même au Metropolitan Opera. C’est donc assez confiante qu’elle avait revêtu la robe du soir bleu nuit griffée Chanel et glissé ses affaires dans le sac pochette magenta Burberry et qu’elle avait pris un taxi pour le Lincoln Center. Dès son arrivée, un groom s’était empressé de la conduire à la place qui lui était désignée.

Quoiqu’elle connusse le spectacle par cœur, elle prit comme d’habitude un vif plaisir à retrouver les aventures du prince charmant tombant amoureux d’Odette, magnifique jeune femme condamnée par une malédiction à devenir un cygne blanc à chaque aurore, puis le piège tendu par le vil sorcier pour que le prince s’éprenne d’Odile, réplique exacte d’Odette sous les traits d’un cygne noir, avant que la supercherie ne soit révélée…

Elle applaudit à tout rompre lorsque le rideau tomba et essuya discrètement du revers de la main la larme qui coulait le long de sa joue. Bientôt les danseurs vinrent saluer le public. Une fois. Deux fois. Trois fois. Blair le savait : ils allaient maintenant se retirer définitivement.

C’est alors que l’incroyable se produisit. Les deux cygnes, le noir et le blanc, tendirent le doigt vers elle et plantèrent leurs prunelles dans les siennes. Puis, les danseuses traversèrent la scène en courant, Odette vers la gauche, Odile vers la droite, descendirent les marches qui menaient à l’orchestre, puis coururent à travers la salle pour remonter, toujours chacune de son côté, les deux branches de l’escalier royal qui conduisaient au premier balcon. Bientôt les têtes se tournèrent, les murmures se muèrent en chahut… Blair, interdite, balayait la salle du regard, suivant tantôt le cygne blanc tantôt le cygne noir. Enfin, chaque danseuse s’arrêta au niveau de la rangée où se trouvait Blair. Elles lui sourirent et, sans un mot, reprirent leur course folle vers la porte de sortie derrière elle.

- Suis le cygne blanc… murmura Blair.

Elle leva les yeux au ciel.

- Si j’avais su que c’était à prendre au pied de la lettre, je n’aurais pas mis des chaussures à talons ! se lamenta-t-elle.

Relevant sa robe, elle remonta l’allée sans prendre la peine de s’excuser pour les pieds qu’elle écrasait au passage, et sortit de la salle. Les deux cygnes, réunis, l’attendaient en gloussant. Les danseuses reprirent aussitôt leur course folle, descendant cette fois vers le hall d’entrée, Blair toujours sur les talons, inconsciente des regards qui se retournaient sur leur passage.

Arrivés au niveau de la porte, les cygnes se séparèrent définitivement. Odette la blanche s’engouffra dans la rue sous une nuée de flashs, tandis qu’Odile la noire disparaissait par une porte dérobée.

Blair s’arrêta. Son cœur battait la chamade, et ce n’était pas seulement à cause de la course.

- Suis le cygne blanc… murmura-t-elle à nouveau.

Elle savait ce qu’elle devait faire, alors pourquoi s’était-elle arrêtée ? Elle n’avait plus le temps, les cygnes allaient vraiment disparaître … et son Valentin avec.

*

Au bout d’un temps indéterminé, elle se retrouva à descendre des marches mal éclairées, tâtonnant dans l’obscurité. Elle remonta ensuite un couloir, interminable, menant à une unique porte. Blair posa la main sur la poignée, tremblante…

La porte pivota sur ses gonds et Blair découvrit une pièce magnifiquement décorée : les riches tentures orientales et l’éclairage à la bougie métamorphosaient la pièce en un boudoir sensuel et exotique. Au centre se dressait une table chargée de ses mets préférés. Juste à côté, Odile la noire lui fit une profonde révérence avant de se retirer sans bruit.

- Je croyais t’avoir dit de suivre le cygne blanc… murmura une voix familière dans son dos.

- Depuis quand Blair Waldorf fait-elle ce qu’on lui dit ? sourit-elle en se retournant.

Derrière elle, la tête légèrement inclinée et un sourire ravageur aux lèvres, Chuck la contemplait avec une telle passion que le cœur de Blair rata un battement.

- Tu as pris un énorme risque sans le savoir… déclara-t-elle d’une voix qu’elle espérait calme. Si tu avais su que durant toute mon enfance j’ai rêvé d’être danseuse étoile pour justement incarner Odette le cygne blanc, tu ne m’aurais sans doute pas poussée à la suivre !

Le sourire de Chuck s’agrandit un peu plus.

- Mais je le savais.

Le sourire enjoué de Blair, lui, s’évanouit.

- Je le savais comme je sais tout le reste… continua Chuck. Tes secrets…

Blair eut un frisson en repensant à la photo, symbole de son passé trouble.

- Ton corps…

Contournant la jeune fille, il vint se planter derrière elle et posa ses lèvres contre sa nuque.

Le masseur. Blair battit des cils, parcourue d’un frisson qui cette fois n’avait rien de désagréable…

- Tu as peut-être rêvé d’être le cygne blanc… Mais ça ne change rien au fait que Blair Waldorf ne saurait être un autre cygne que le noir…

Blair eut un sourire en coin et fit volte-face, se retrouvant face au jeune homme.

- Et en admettant que je sois bien le cygne noir, alors toi qui es-tu dans ce cas ? Le sorcier ? Car le prince charmant, lui, aime le cygne blanc…

- Ni l’un ni l’autre… sourit Chuck. Je suis celui qui arrive après le tomber du rideau, celui qui aime le cygne noir tel qu’il est ; celui qui lui est destiné…

Il n’eut pas le temps de terminer : ses lèvres et leurs cœurs se retrouvèrent scellés par un baiser profond et passionné.